L’UQAM présente le prix du meilleur rapport de développement durable 2020 à Suncor

Des étudiants de l’UQAM ont conclu que Suncor avait offert une performance exceptionnelle en divulgation des informations extra-financières, après une analyse des entreprises du secteur Pétrole et gaz pour le Concours IFD-FM du meilleur rapport de développement durable.

Outils pour une analyse fructueuse

Avant d’entamer l’évaluation des rapports de développement durable (RDD) de 18 compagnies pétrolières, les participants ont bénéficié des conseils de Hajer Tebini, chercheure en finance responsable et chargée de cours à l’UQAM. En plus de la littérature scientifique, les étudiants ont revu certaines notions pour mieux saisir la complexité de l’exercice de publication d’un RDD : les définitions de responsabilité et de développement durable; les différentes motivations des investisseurs, telles que la gestion du risque ou la protection de la réputation; les stratégies d’investissement responsable; ainsi que les défis de la diffusion d’informations extra-financières ou environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).

La préparation à l’analyse traitait également du principe de matérialité, qui est l’un des 11 critères de la grille d’évaluation développée par l’Initiative pour la finance durable (IFD). « Dans chaque secteur, il y a des critères clés et les entreprises sont confrontées à un très grand nombre d’enjeux », explique Carole Zeineddine, étudiante en gestion internationale et l’une des 5 membres du jury de l’UQAM. Celle-ci rappelle que même si les informations du RDD reflètent le rendement économique, social et environnemental de l’entreprise, il importe de déterminer leur influence sur la prise de décision des investisseurs et autres parties prenantes. « L’identification des sujets les plus significatifs, ou des material topics, doit reposer sur un dialogue avec les parties prenantes et s’inspirer des définitions de la matérialité de la Global Reporting Initiative (GRI) ou du Sustainability Accounting Standards Board (SASB) », précise-t-elle.

L’avenir appartient aux entreprises responsables

Selon Carole, les protocoles de mesure sont essentiels pour établir des comparaisons entre les entreprises, mais aussi entre les données financières et extra-financières divulguées d’une année à l’autre par chacune d’elles, ainsi que pour assurer un processus de collecte et de divulgation rigoureux. L’étudiante souligne que les projets internationaux choisis par les investisseurs doivent tenir compte de la légitimité en matière de responsabilité sociale d’entreprise (RSE) et de la chaîne d’approvisionnement responsable. « Je crois que les entreprises du secteur Pétrole et gaz évoluent en réponse aux pressions provenant de leurs parties prenantes, qui les poussent de plus en plus à développer des procédés de reddition de comptes pertinents », dit-elle.

Carole aimerait promouvoir la finance durable, et plus particulièrement l’investissement responsable, dans le cadre de sa carrière. Elle croit qu’il est indispensable de créer de nouveaux métiers dans ce domaine. « Cela contribuerait à sensibiliser les sociétés, les administrateurs de sociétés et les employés à se préoccuper des enjeux ESG, à tout le moins en ce qui concerne les points essentiels pour leur secteur », affirme-t-elle.

Amener le concret à l’université

Mme Tebini, qui assume le rôle de mentor auprès des jeunes analystes, est heureuse de voir que les connaissances acquises sont bien maîtrisées. « Au-delà de l’expertise théorique, un recul a été pris par les participants et c’est merveilleux d’entendre Carole en parler ainsi », dit-elle. De plus, elle souligne l’apport des étudiants de la dernière cohorte en ce qui a trait à la grille d’évaluation. « Ils y ont ajouté des dimensions comme la chaîne d’approvisionnement. En fait, la prise en compte des enjeux ESG propres à la chaîne d’approvisionnement doit être au cœur du processus de l’investissement responsable », précise-t-elle.

Si le Concours établit le lien entre la théorie et la pratique, la chercheure croit qu’il serait encore plus bénéfique pour les entreprises et les étudiants du jury que ces derniers soient davantage conscients et formés sur les enjeux de durabilité, pour leur permettre d’offrir des recommandations particulièrement profitables.

D’autre part, l’un des atouts de cette formation est certainement le réseautage qu’elle favorise. « Ce Concours permet de faire le pont entre l’industrie et la communauté académique. L’interaction entre les gens du milieu des affaires et ceux du milieu académique, c’est vraiment la beauté du Concours et sans doute l’un de ses objectifs », remarque Mme Tebini.

 

Suncor : saisir les opportunités en développement durable

Selon Jon Mitchell, vice-président de la durabilité chez Suncor, c’est un honneur pour l’entreprise d’être reconnue par l’IFD, d’autant plus que le jury du Concours est composé d’étudiants. « Nous visons toujours à nous améliorer, alors c’est formidable qu’un groupe de jeunes personnes bien informées et vivement intéressées par les questions de durabilité ait remarqué nos forces en matière de divulgation », dit-il.

Question de contenu

Considérant la taille du défi de la concision en divulgation, M. Mitchell note que la vaste expérience de Suncor a permis à celle-ci de développer une approche axée sur les intérêts de la plupart de ses parties prenantes. « Un bon RDD est destiné à un public cible précis, et quoiqu'il puisse inpsirer la discussion publique sur la durabilité, il s'adresse surtout à ceux qui s'intéressent au rendement en développement durable », explique-t-il.  La consultation des parties prenantes est donc essentielle pour connaitre les réelles préoccupations des communautés et s'assurer que la divulgation réponde à leurs besoins.

Afin de rédiger un RDD efficace, Suncor observe également les normes mondiales comme celles du SASB pour déterminer ce qui est matériel et l'influence de l'entreprise en ce qui concerne les enjeux ESG. Un processus impliquant plus d'une centaine de personnes et un contrôle de la qualité rigoureux ont été mis en place, mais cette collecte de données n'est pas uniquement utile à la préparation du RDD. « Ces renseignements nous aident dans l'exploitation de notre entreprise, en plus d'améliorer notre rendement ESG, ainsi que nos actions internes et externes relatives à ces enjeux. En définitive, c'est un moteur pour l'action », mentionne M. Mitchell.

Le climat d’abord

Lorsqu’en 1997, Suncor a lancé son premier plan d’action à l’égard des changements climatiques, l’entreprise portait déjà attention aux questions de climat depuis plusieurs années et y adaptait la gestion de ses indicateurs de rendement. Lorsqu’elle fixe ses objectifs de durabilité, elle veut favoriser des changements importants. Les objectifs de 2016 avaient pour cible les gaz à effet de serre, et leur mise en œuvre est prévue pour 2030. « Cela nous donne un élan au sein de l’entreprise, orientant le travail des nombreux ingénieurs et scientifiques qui relèvent ces défis parfois très techniques », indique M. Mitchell.

Toujours motivée à s’aligner sur les intentions de l’Accord de Paris sur le climat, Suncor a été la première société pétrolière et gazière en Amérique du Nord à indiquer publiquement son appui aux recommandations de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD). Elle  demeure la seule société pétrolière et gazière exploitant en Amérique du Nord en faveur de la TCFD. En 2017, l’entreprise a publié un premier rapport distinct sur les risques et les résultats associés au climat, démontrant un alignement sur les principes de la TCFD, tout en offrant une divulgation crédible et comparable des mesures climatiques.

Les processus de gouvernance et de gestion de Suncor permettent de déterminer les principaux risques, tels que le climat, et ces risques sont ensuite pris en considération dans les activités de divulgation de l’entreprise. Les membres de la direction et du conseil d’administration se penchent sur les risques et opportunités en lien avec les enjeux climatiques. Environ la moitié des risques principaux identifiés concernent le climat, et l’un des risques y est exclusivement alloué. « Cela influence notre imputation sur les fonds propres et autres décisions économiques », explique M. Mitchell. Le carburant et l’énergie renouvelables font partie des opportunités d’affaires que Suncor a saisies, diversifiant son portefeuille d’investissement. M. Mitchell est membre d’un conseil interne pour s’assurer que la durabilité soit au cœur de la prise de décision. De plus, la planification stratégique par scénarios est mise à profit pour évaluer les choix de l’entreprise, ainsi que sa manière d’aborder et de réagir aux enjeux à long terme.

Le changement en tête

M. Mitchell constate que la communauté des investisseurs connaît une transformation, alors que la performance ESG gagne en importance, particulièrement pour le secteur de l’énergie. « Il y a un désir authentique de cohérence et de comparabilité sur la scène de la divulgation ESG par les entreprises, ce qui crée certaines tensions car les raisons qui rendent ces informations importantes sont également un ingrédient essentiel pour comprendre pleinement la performance ESG », souligne M. Mitchell. « Quand il est question de durabilité, les entreprises composent autant avec des enjeux très locaux qu’avec des préoccupations mondiales, ce qui signifie que les données de divulgation ESG doivent s’adapter aux circonstances uniques de l’entreprise », dit-il. Il croit que la TCFD, le SASB et les projets comme Vers le développement minier durable contribuent grandement à mettre à profit des indicateurs qui offrent cette flexibilité, mais demeurent cohérents d’un secteur à l’autre. « Je souhaite voir un bel équilibre entre cohérence, comparabilité et contexte, car j’aimerais que nos activités de divulgation aident la communauté ESG à prendre des décisions judicieuses, en plus de démontrer notre leadership. »

Suncor s’est également engagée publiquement à atteindre un objectif de durabilité axé sur le développement de liens plus solides avec les peuples autochtones. Cela inclut la création d’occasions pour une plus grande implication de ceux-ci dans l’industrie de l’énergie, par leur présence accrue au sein de la main-d’œuvre de l’entreprise; un partenariat avec les entreprises autochtones et les jeunes Autochtones. « Nous avons ces objectifs très précis en vue, tandis que nous pilotons nos activités pour offrir un excellent rendement ESG et visons à faire preuve de leadership en durabilité », souligne M. Mitchell. « Notre rapport est un outil efficace pour l’obtention de ces résultats. » 

Mélanie Pilon, journaliste pour l'Initiative de la finance durable de Finance Montréal

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